L’UN et l’enjeu de 2011: Comment résoudre l’équation Bio Tchané ?

Publié le par MJPAC-ABT

abt_andoche10001.jpgS’il y a un sujet tabou que les hommes politiques évitent d’aborder parce qu’il soulève un tollé et parce que les Béninois évitent toujours ce qui doit les diviser, c’est bien celui ayant trait au régionalisme en politique. On se doit donc, de louer le courage d’Antoine IDji Kolawolé d’avoir accepté de répondre à une question, de nos confrères de Canal 3, dans l’émiss ion «Zone Franche» d’hier, relative à l’équilibre régional au sein de l’alliance de l’opposition «L’Union fait la nation». Il a, à ce sujet, exprimé la volonté d’ouverture de l’UN à d’autres composantes politiques du pays. Donc il appartient, selon lui, aux formations politiques et aux mouvements d’ancrages divers de rejoindre l’Union. Mais le cas Bio Tchané reste une problématique.
Pour Idji Kolawolé, Bio Tchané est une personnalité qui ne peut intégrer l’UN qu’à travers une formation politique. Car l’UN veut faire une rupture avec le passé, où l’élection présidentielle donne lieu au soutien à une personnalité à qui on confie la destinée du pays, et qui doit la gérer suivant sa propre vision.
Selon son explication, l’UN ne veut pas constituer une alliance électoraliste comme par le passé, mais créer un creuset durable pour gagner les élections et asseoir la vision et le cadre de gestion du pouvoir en 2011 et au-delà. Au sujet de l’ouverture, il regrette que les démarches faites en direction du Fard Alafia, formation politique ancrée dans le nord, n’aient pas abouti, ce parti n’ayant pu tenir, pour des raisons qu’il dit ne pas connaître, mais dont il soupçonne l’origine, ses engagements de rencontre avec les émissaires de l’UN.

La tentation du discours régionaliste
Donc, Idji Kolawolé est conscient de cet aspect équilibre nord-sud. D’autant plus que certains leaders politiques adversaires continuent de prétendre que l’UN est un instrument créé par les leaders du sud pour aller à la conquête du pouvoir en 2011.
Or, on ne peut imaginer les leaders de l’UN construire leur stratégie électorale dans un carcan régionaliste, au risque de se faire critiquer par la propagande du camp adverse, et perdre ainsi une partie de l’électorat du nord. Il conviendrait de n’analyser ses critiques, au demeurant dangereuses dans leur intention, qu’à leur juste dimension électoraliste, car les partis politiques composant l’UN sont des entités à vocation nationale et ont en leur sein des militants et des responsables du nord. Bien que l’on ne saurait, malheureusement, nier les ancrages encore régionales de bien des formations politiques.
Pour l’UN, vaincre la cabale ne reviendrait-il pas à afficher la diversité régionale dans ses instances dirigeantes ? Mais il ne faut pas non plus oublier que l’UN vient du G4, qui s’est constitué pour exprimer, formellement, un mécontentement global de l’opposition, sur la gestion de l’espace politique par le régime du changement, et que les affinités politiques d’hier, depuis l’alliance wologuèdè, ont fortement pesé dans les rapprochements, et certainement pas, sur le registre régionaliste.
Le G13 créé dans la même foulée partage les mêmes préoccupations sans pour autant, après la grande rencontre de Bohicon, se rapprocher du G4, alors que dans le temps, certains responsables du G4 prétendaient que la porte était ouverte au G13. Pourquoi le G13 n’a pas franchi le pas et pourquoi le G4 n’a pas mené des approches plus déterminées pour l’attirer et constituer un grand ensemble de l’opposition ?

Mystère.
Cette situation devrait engendrer une bipolarisation de l’opposition dans l’esprit de l’opinion et dans les actes des responsables politiques: d’une part la coalition ABT(Abdoulaye Bio Tchané) avec des personnalités du G13, et d’autre part l’UN qui n’a pas encore choisi son candidat unique dans un lot de leaders, où figurent les présidentiables d’hier, comme Léhady Soglo, Lazare Séhouéto, Antoine Idji Kolawolé, Adrien Houngbédji et Emmanuel Golou(que la presse présente comme un probable candidat à la candidature unique). De ce lot, Adrien Houngbédji peut apparaître comme un favori consensuel, par la force des choses, jouant sa dernière carte. Mais en politique, on ne peut jurer de rien. reste naturellement le candidat qui jette le pont entre le septentrion et le sud, face au président Boni Yayi que l’on se plait à classer, à tort ou à raison, dans un ancrage nord.
Pourrait-il être un probable candidat unique de l’opposition au cas où celle-ci aurait décidé de commun accord d’aller au charbon regroupé derrière un seul candidat ?
Dans le cadre de la volonté d’ouverture de l’UN, cette probabilité est acceptable. Toutefois, vu les avancées faites par l’UN, et sa vision plutôt forgée sur une plateforme politique et un quasi pacte pour la gestion du pouvoir, que sur l’aura d’une personnalité -soit elle porteuse de chance de réussite- une cooptation d’ABT par l’UN serait un attelage difficile à constituer.
On ne conçoit pas l’UN en train d’adouber ABT, au risque de frustrer les premiers venus du G4 qui ont de l’ambition aussi, en introduisant un challenger extérieur ! L’alternative viendrait peut-être d’un accord politique et électoral global. Rapprochement de vision politique et de projet de société, et mise en place d’une stratégie électorale commune pour conquérir le pouvoir, sur des modes opératoires précis sur le terrain. Après le premier tour, les résultats obtenus par ABT face au candidat Boni Yayi détermineront s’il sera ou non, le porteur de l’espoir de l’opposition ou que, consensuellement, les électeurs votant pour l’opposition, décideront de donner toute la chance, immédiatement, au candidat de l’UN. Dans les deux cas, on ne saurait imaginer la victoire de l’opposition, sans Bio Tchané.
Car, il pourrait bien être un appontage entre l’électorat du sud et du nord, entre l’opposition et certains déçus du régime ; il ne serait donc pas réaliste de le reléguer dès maintenant au rang d’outsider, du fait que, comme le prétendent certains, la déception porterait une certaine opinion à rejeter toute personne providentielle. Donc l’équation Bio Tchané est une problématique pour l’opposition UN, car le pouvoir lui, ne raterait aucune occasion de l’appâter, même si ce risque devait lui en coûter une déception. La problématique Bio Tchané Pour toute l’opposition le cas Bio Tchané est une problématique.
 Il reste naturellement le candidat qui jette le pont entre le septentrion et le sud, face au président Boni Yayi que l’on se plait à classer, à tort ou à raison, dans un ancrage nord. Pourrait-il être un probable candidat unique de l’opposition au cas où celle-ci aurait décidé de commun accord d’aller au charbon regroupé derrière un seul candidat ? Dans le cadre de la volonté d’ouverture de l’UN, cette probabilité est acceptable. Toutefois, vu les avancées faites par l’UN, et sa vision plutôt forgée sur une plateforme politique et un quasi pacte pour la gestion du pouvoir, que sur l’aura d’une personnalité -soit elle porteuse de chance de réussite- une cooptation d’ABT par l’UN serait un attelage difficile à constituer.
On ne conçoit pas l’UN en train d’adouber ABT, au risque de frustrer les premiers venus du G4 qui ont de l’ambition aussi, en introduisant un challenger extérieur ! L’alternative viendrait peut-être d’un accord politique et électoral global. Rapprochement de vision politique et de projet de société, et mise en place d’une stratégie électorale commune pour conquérir le pouvoir, sur des modes opératoires précis sur le terrain. Après le premier tour, les résultats obtenus par ABT face au candidat Boni Yayi détermineront s’il sera ou non, le porteur de l’espoir de l’opposition ou que, consensuellement, les électeurs votant pour l’opposition, décideront de donner toute la chance, immédiatement, au candidat de l’UN. Dans les deux cas, on ne saurait imaginer la victoire de l’opposition, sans Bio Tchané.
Car, il pourrait bien être un appontage entre l’électorat du sud et du nord, entre l’opposition et certains déçus du régime ; il ne serait donc pas réaliste de le reléguer dès maintenant au rang d’outsider, du fait que, comme le prétendent certains, la déception porterait une certaine opinion à rejeter toute personne providentielle. Donc l’équation Bio Tchané est une problématique pour l’opposition UN, car le pouvoir lui, ne raterait aucune occasion de l’appâter, même si ce risque devait lui en coûter une déception.

Léon Brathier
Journal L'AUTRE QUOTIDIEN 08/02/10
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