Le lion Zinzindohoué a rugi et la forêt yayienne tremble !

Publié le par MJPAC-ABT

armand_zinzin111.jpgJe me demandais, dans une récente chronique, « Comment va mourir Zinzindohoué ? ». Allait-il mourir en lion ou vivre en chien ? Je suis fixé désormais. L’ex ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, a décidé de se défendre. Emboîtant le pas à Soulé Mana Lawani, c’est la voie du mémorandum, une formule à succès -si l’on en juge par l’engouement suscité par le texte de Lawani-, qu’il a choisie pour se faire entendre. Ce n’est que la première partie de ce qu’il a à dire pour sa défense devant le parlement et déjà, c’est le branle-bas du côté des procureurs et autres chiens de garde du chef de l’Etat.
En effet, les affirmations d’Armand Zinzindohoué sont percutantes quand elles relatent dans quelles conditions le meilleur disciple jamais égalé de la « haute autorité », a rencontré les deux principaux acteurs d’ICC Services : Guy Aplogan et Emile Tégbénou chez et/ou avec Boni Yayi soi-même, sinon avec sa bénédiction et sa permission. Plus percutantes encore lorsqu’il affirme que le chef de l’Etat les rencontrait et que les sous issus de leur activité illégale servaient, au moins en partie, à assurer la propagande politique du régime.
S’il est humainement compréhensible de la part de l’ancien plus que fidèle compagnon, de vouloir coûte que coûte se tirer d’affaire, tout en indiquant d’autres ministres qu’il estime devoir répondre de cette affaire, il reste que la première partie de son mémorandum a ceci d’utile et d’agréable qu’elle renseigne, avec précision de date et de circonstances, sur quelques rencontres entre les acteurs principaux de ce puzzle politico-financier, voire mafieux. Et, c’est en désespoir de cause que les fonctionnaires de Dieu et autres prétendus guides spirituels de Boni Yayi, plongés dans une transe démentielle, s’offrent à la presse pour pérorer et jurer qu’Armand Zinzindohoué a tout faux dans ses déclarations. Dieu lui-même sait pourtant que ceux qui ont parlé pour Boni Yayi, en ce feuilleton de l’affaire ICC Services, n’ont parlé que pour eux-mêmes et n’ont convaincu personne. Pas sûr d’ailleurs qu’ils soient eux-mêmes convaincus par leur exercice presque forcé ! Il faut avoir la sagesse de se taire quand on n’est pas sûr que ce qu’on veut dire est plus beau que le silence. Et pourquoi, croyez-vous, qu’ils aient répondu avec autant d’empressement et d’agitation à Armand Zinzindohoué alors que depuis deux semaines au moins, ils n’ont pas trouvé à redire sur le mémorandum de Soulé Mana Lawani qui est pourtant aussi grave d’accusations contre Boni Yayi ? C’est que dans l’opinion, pour les relations fusionnelles qu’ils avaient, Armand Zinzindohoué apparaissait comme un double de Boni Yayi.

Si la forêt yayienne tremble à ce point -et ce n’est pas seulement le taillis qui est secoué mais la futaie aussi-, c’est qu’il y a un malaise. Un malaise qui tient moins de la prétendue fausseté des déclarations d’Armand Zinzindohoué, que de la noirceur crasse du scandale dans le lequel le haut sommet de l’Etat a manifestement trempé. Certes, quand l’ex zélateur de Boni Yayi révèle que les principaux acteurs d’ICC Services finançaient la propagande politique du régime via cette activité illégale, il lève un coin de voile sur une partie nauséeuse du régime. Inadmissible dans la mafia. On comprend alors qu’il soit accusé d’apostasie et littéralement excommunié. Cela n’enlèvera rien à la gravité de ses allégations. Et les petits de la forêt qui osent répondre au rugissement du lion savent bien à quoi s’attendre. Ils y passeront eux aussi. Au demeurant, leur fébrilité masque mal leur peur et celle de leurs commanditaires éventuels.

Mais on ne donnera pas non plus à Armand Zinzindohoué, le bon Dieu sans confession. Et, même s’il a commencé par se confesser, encore faudrait-il qu’il soit sincère sur toute la ligne. Car, quand il balaie par exemple d’un grand revers de la main, les allégations faisant état de remises de sommes d’argent, sous prétexte qu’il n’y a aucune preuve matérielle, cela me paraît léger. Tout le monde sait en effet, qu’à ce degré d’immersion dans le mal, les chèques et autres traces pouvant un jour faire preuve font tacitement prohibées. Ce serait donc trop facile pour Armand Zinzindohoué, parce qu’il n’y aurait aucune trace, de prétendre que cela ne s’est jamais passé. C’est vrai qu’en droit, cette ligne de défense semble imparable parce que la preuve est la rançon du droit. Mais la nature du scandale et les circonstances devraient aider à fonder la religion des juges. Et s’il est valable pour Armand Zinzindohoué, qu’il a bien pu y avoir remise de sommes d’argent et autres sans traces matérielles, cela l’est tout aussi pour d’autres hauts responsables cités dans l’affaire.
Quand on n’est pas assez fort pour apporter la réplique au lion, il faut s’éloigner lorsqu’il rugit parce que ça annonce le carnage. Traîner dans son rayonnage peut être suicidaire et c’est vain combat que de s’agiter. A bon entendeur…

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

Publié dans Chronique

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