Le maire Clément Gnonlonfoun depuis sa cellule :« Ils sont en train de faire de moi un héros »

Publié le par MJPAC-ABT

Le maire de la commune de Dangbo, Clément Gnonlonfoun est retenu dans les liens de la détention depuis le lundi 14 septembre dernier pour, selon les chefs d’accusations retenus contre lui, des raisons de malversations financières. Seulement, depuis le démarrage de cette procédure, les nœuds de cette affaire, à priori judiciaire, semblent se mêler aux considérations politiques pour laisser place à une situation de confusion et de tension. Afin de mieux connaître les dessous de cette affaire qui n’en finit plus de nourrir l’actualité, Océan Fm a réussi à réaliser un entretien exclusif au maire depuis son lieu de détention, les locaux de la prison civile de Porto-Novo. Voici l’intégralité de cet entretien.
Dites-nous monsieur le maire quelles ont été les conditions de votre arrestation ?
Les conditions de mon arrestation sont des conditions rocambolesques. Rocambolesques parce que dans un premier temps, il y a eu une dizaine de conseillers qui ont tenté de me destituer. Il y a eu une procédure que j’ai suvie rigoureusement. Je n’ai même pas attendu que le préfet m’instruise avant de les convoquer pour ma destitution. Mais ils ont fui. Le jour où je les ai convoqués, ils ne sont pas arrivés. Mais avant même cette procédure de destitution, j’avais déjà eu vent qu’ils avaient déjà engagé une procédure judiciaire avec le ministre contre moi. J’avais tenté à un moment donné de rencontrer le ministre. Je n’ai pas pu, mais quand ils ont échoué, moi j’avais estimé que l’incident était clos. C’était en août, je crois.

C’était bien avant la crise ?

Oui, c’était bien avant la crise. La crise est née en juillet. Ils ont tenté de me destituer, ils ont écrit au ministre de la Décentralisation pour lui demander de venir me destituer. Ce qui n’est pas possible. Par la suite, ils ont tenté d’avoir le quota de 12, puisqu’il faut nécessairement avoir les 2/3, il faut 12/17. Pour avoir 12/17, ils ont mis des dizaines de millions en jeu. Ils ont contacté des doyens dans mon camp. Ceux-là m’ont averti. Je leur ai dit, allez y. Puisqu’ils m’ont rassuré qu’ils prendront l’argent. Mais qu’ils ne voteront pas contre moi. Je les ai rassurés et j’ai fini par comprendre par la suite ce qui se passait. Dès ma prise de service, j’ai constaté qu’il y avait des anomalies dans la gestion de la mairie de Dangbo. Je me suis dit que je n’ai pas le devoir de fouiller les arrières de celui que j’ai remplacé. C’est comme ça que le problème de la Rav 4 qui constituait un scandale financier a commencé. C’est un véritable scandale financier dans la mesure où ça ne me compromettait pas. Je l’ai couvert parce que c’est un scandale. Cette Rav 4 qui ne vaut pas 2 millions francs cfa a été prisée à 12 millions de francs cfa.

Est-ce le véhicule de service ?

Oui c’est le véhicule de commandement de la mairie j’ai trouvé et qui ne valait absolument rien. Ce véhicule qui ne vaut pas 3 millions puisque des véhicules similaires, ne coûtent pas 3 millions actuellement au port. On a mis à peu près 12 millions. On a eu à dépenser près de 3 millions pour la réparation et le lendemain dès que j’ai pris service le 24 juillet, j’ai laissé mon véhicule que j’avais amené au service. Je suis rentré dans le véhicule, je n’ai pas pu atteindre le goudron avec ce véhicule. J’ai appelé mon mécanicien pour venir le traquer. Quand il l’a ouvert, il n’y avait que la carrosserie et tout ce qui est dedans, c’était de la pourriture. Deux jours après, l’ancien maire est venu me voir avec l’ancien secrétaire général. Je lui ai fait confiance, si à chaque fois qu’ils me posent un problème, j’écoutais ma conscience, je ne serais pas ici actuellement. Donc, ils sont venus, l’ancien secrétaire général, l’ancien maire et le chauffeur, ils sont venus chez moi, deux ou trois jours après ma prise de service et m’ont dit que ce problème de véhicule de vraiment les protéger. J’ai accepté de les protéger dans la mesure où ça ne me compromettait pas. Le secrétaire général, le maire et le chauffeur se sont agenouillés chez moi à Cotonou. J’ai accepté de les protéger mais en quoi faisant ? Le véhicule a été acheté en 2007, moi j’ai pris service le 24 juillet 2008. Le véhicule que j’ai pris est encore au nom du chauffeur parce que le sien, n’a pas pu être immatriculé. Moi je suis parti avec le chauffeur, avec l’ancien maire Makambio voir le douanier pour sortir le BE et c’est moi qui l’ai immatriculé. En tout cas, on avait dépensé près de 3 millions sur le véhicule après l’avoir acheté à 12 millions. Donc il y a 15 millions du contribuable béninois qui avait été mis dans ce véhicule et puisque ça ne me compromettait pas, je les ai aidés. J’ai mis tout dans la balance pour sortir le BE et pour immatriculer ce véhicule. Je croyais que j’avais affaire à quelqu’un qui ne connaissait rien et le jour où j’ai pris service le 24 juillet, je n’ai pas pu atteindre le goudron avec le véhicule. J’ai dépensé près de 1.500.000 fcfa pour changer la substance, l’allumage, l’embrayage. Malgré que j’ai fait tout ça, je me suis rendu compte que le moteur était à changer et la boite aussi. Je suis parti me renseigner à Toyota situé à Akossombo. Il me faut 2.000.000f pour remodeler le véhicule. La boite ne passait que la 3e vitesse et la marche arrière. Il fallait la changer et elle seule coûtait 3.500.000f. Je me suis dit cette histoire-là, ce n’est pas évident que ça donne le résultat escompté. J’ai dit ce véhicule-là, il faut l’abandonner. Donc j’ai posé le problème, tout le monde était surpris. Les gens qui se sont mis à parler aujourd’hui et qui sont devenus mes adversaires, dans le silence solide et simpliste, ont tout fait pour que je leur donne les papiers du véhicule qui était encore au nom du chauffeur un an et demi après ma prise de service, puisque le véhicule n’a jamais été réceptionné. Ça n’a jamais suivi la procédure normale. J’ai les papiers actuellement, j’ai les papiers qui portent le nom du chauffeur Kpossou Lucien au moment où je prenais service. J’ai résolu ce problème.

Monsieur le maire, qu’en est-il des chantiers des salles de classes ?

La première difficulté que j’ai rencontrée, je me suis rendu compte que le chef service technique qui est le fils du maire, est un géomètre. Le maire qui avait lui-même, un géomètre, quand j’ai pris service, avait des chantiers d’écoles à Adido et à Houedomé. C’est des modules de 3 classes avec magasin mais tout ça a été abandonné. Le bureau d’arrondissement de Houédomé était également abandonné parce que les entrepreneurs à qui on a confié ces travaux, étaient des copains et ils ont abandonné les travaux. J’ai dû mettre la plupart de ces chantiers en régie et je les ai finis. Ça concerne à peu près 21 salles de classes actuellement. C’est réceptionné dans la plupart de ces villages hormis celui d’Adido et de Togbohonsou qui sont presque terminés. Donc ça 21 salles de classes que j’ai créées et réceptionnées pour la plupart. Et actuellement, j’ai engagé la construction de 90 salles de classes à travers les sept arrondissements. 90 salles de classes sont engagées dans les sept arrondissements à travers les divers financements qui figurent au budget de la commune de Dangbo depuis 2009. Surpris, j’ai constaté des anomalies thermiques, aucun des ferrailleurs n’a respecté les plans. Vous vous rendez compte, le cas de Togbohonsou et Kodétomé, c’est deux villages de Dèkin. J’ai dû faire détruire la dalle de Kodétomé parce que je ne pouvais pas prendre l’engagement en tant qu’ingénieur des Tp de laisser les gens à aller sous ça. Je l’ai fait détruire auprès de l’entrepreneur avant que cela ne soit réceptionné. J’ai fait ce qu’il faut pour protéger cet agent là et je m’étonne aujourd’hui que ce soit ceux-là qui bavardent, qui sont mes pires ennemis, et font des pieds et des mains après avoir échoué dans l’entreprise de ma destitution, ils font tout pour m’écarter. Dans un premier temps, je me demandais qu’est-ce qui les concerne dedans. Quand j’ai commencé quelques mois après, le Csaf est venu dans mon bureau avec une liasse de billets à peu d’1 million de Fcfa parce que quand on voit un paquet d’1 million, on le sait, quand ça vient de la banque, c’est attacher. Il est venu avec ça et il me dit qu’il a fait une affaire et il est venu m’apporter ma part. Je lui ai dit, tu as fait quelle affaire ? Il m’a dit de prendre d’abord après il va m’expliquer. Mais je lui ai dit que je ne prends jamais des sous sans savoir la provenance. Quand il est reparti, j’ai réfléchi et j’ai dit cette histoire devient bizarre. C’est là où j’en veux au secrétaire général car je l’ai appelé, il est du même arrondissement que moi et est un grand frère. Ils ont tous fait 13 ans au même poste et sont tous arrivés à la mairie en 1996. Ils sont alors dans leur 14e année. Je lui ai dit que le Csaf m’a donné de l’argent, je voudrais savoir d’où est-ce qu’il a trouvé cet argent. Ils m’ont tourné en rond.

Et quelle a été votre attitude ?

Je leur ai dit tous les deux si vous ne me dites pas ce que vous avez fait, j’appelle les gendarmes, j’appelle le Cb tout à l’heure et il vous prend vous deux. Ils sont repartis et c’est là qu’ils m’ont amené le mandat qui a permis de prélever l’argent. Et c’est ce jour-là que j’ai constaté que la commune a acheté 33 tonnes de ciment à 2.540.000f et que j’étais le signataire alors que je n’ai pas du tout signé. Je n’ai pas connaissance de ça et d’ailleurs il a avoué ça là-bas la dernière fois. Il a avoué que le maire n’était pas au courant. Donc, ils ont imité ma signature, ils ont commandé le ciment qui n’a pas été livré. Le mandat comporte tellement d’irrégularités. J’ai l’habitude de mettre « vu » au bas du document quand je suis d’accord pour un payement. Ce n’est qu’à ce moment qu’on peut engager le montage du mandat qu’on peut m’apporter à signer. Et avant d’accepter de payer une facture, je fais préalablement le bon de commande. La marchandise doit avoir été livrée, je contrôle le bordereau de réception qui prouve que la marchandise a été livrée et ce n’est qu’après ça que j’ordonne le payement en mettant « vu » pour le payement. Il n’y a rien de tout ça sur le mandat et pourtant le receveur a payé. Quand ai-je vu ça ? J’ai saisi le mandat qui ne comporte ni bon de commande ni bordereau de livraison, ni ordre de payement du maire. Et je leur ai dit, je veux voir clair dans cette histoire et c’est là où le secrétaire général qui est du même arrondissement que moi, si tu ne parles pas de ça, personne ne saura. Je lui ai dit moi, je ne suis pas venu manger, je suis venu faire le développement. Et ce développement passe par la gestion correcte des finances de la mairie. De toutes les façons, si vous ne trouvez pas la solution, moi j’appelle le Cb. Ils ont dit ils vont remettre les sous. Quelques jours après le Csaf et le receveur sont venus pour me dire qu’ils vont me laisser une décharge, j’ai refusé la décharge. Comme il y a eu déjà mandat, ce qui veut dire qu’il y a eu sortie de l’argent et donc si je l’accepte cela veut dire que je cautionne la chose. Je leur ai dit que je veux la quittance. C’est ce qui est en train de me sauver actuellement parce que j’ai donné une demande d’explication et j’ai demandé au Ce de me donner la quittance. Ils ont déversé les sous et m’ont donné une quittance qui date du 29 décembre, quelque chose de ce genre. Le Csaf a expliqué et c’est tout ça qui est en train de me sauver. Il a versé 2.037.290f au lieu de 2.640.000f et il a expliqué que le reste ça constitue les prêts, préjudices et commissions que le fournisseur a eu à prendre. Il a expliqué également qu’il a payé 75.000f pour je ne sais quoi. En tout cas, il a expliqué le bien fondé du non reversement. J’ai continué par expliquer et le 30 décembre, j’ai exposé le problème au conseil budgétaire. Il n’a pas trouvé un problème et insinué que tout ce que j’avais fait, était bon.

Mais monsieur le maire, l’autre dossier qui vous a attiré beaucoup d’ennemis est celui concernant le recasement de Dangbo ?

Oui, malheureusement pour moi, j’ai attaqué un autre problème, celui du recasement de Dangbo. Ce problème de recasement concerne 278 hectares et ça a commencé depuis 1978, aujourd’hui nous sommes en 2009, ça fait 21 ans. Les 278 hectares sont repartis en quatre tranches, sur la seule tranche qu’on est en train de recaser, il y a 206 parcelles recasées qui constituent des domaines administratifs sur lesquels on est en train de recaser des gens. Il y a soixante mille mètres carrés de surplus qu’on est en train de brader et qui ne ramènent rien à la mairie. C’est ce qui m’a amené également ici, le vrai problème qui m’a amené actuellement en prison. Quand j’ai attaqué ces problèmes, je me suis retrouvé devant une incompréhension totale, personne ne savait qu’il y avait des réserves administratives, personne ne savait qu’il y a des structures qui sont en train d’être bradées. Je suis un ingénieur des Tp, j’ai juste pris le registre d’état des lieux, j’ai pris le registre des projets de recasement et j’ai pris le plan quartenaire et j’ai fait des rapprochements et j’ai remarqué qu’il y a des anomalies terribles. J’ai posé le problème et je me suis retrouvé tollé terrible. Donc j’ai continué et à la volée, j’ai muté les deux responsables en charge des affaires domaniales. Je les ai enlevés de là. J’ai mis deux personnes là, je ne savais pas que j’avais lancé un caillou dans la ruche aux abeilles. Donc pour moi, c’était l’ancien maire et ces deux adjoints en l’occurrence le conseiller Codjo Simplice et Soulé.

Apparemment vous veniez de donner un coup de pied dans la fourmilière ?

Je pensais que c’était eux seuls qui étaient les auteurs de cette histoire. Maintenant quand il s’est agi de me destituer, ils se sont rapprochés de certains conseillers qui sont des miens. Ils sont venus me voir et je leur ai dit « prenez les fonds, ne vous occupez pas de moi ». Moi, je n’étais pas intéressé. Dans un premier temps, j’avais assimilé ceux-là à des analphabètes qui ne veulent pas lire même si on les initie. Ils ont écrit au ministre de la Décentralisation pour me destituer comme si c’était facile. Ils ne peuvent pas me destituer. Ils ont écrit en juillet. Comme je savais que ce n’est pas légal, je ne me suis pas occupé d’eux. Et c’est là où les envoyés sont rentrés en jeu. C’est dans le bureau de l’actuel préfet à qui je présente mes félicitations parce qu’il leur a fait remarquer que ce qu’ils faisaient est illégal. Ce n’est pas normal. C’est dans son bureau que la vérité s’est éclatée. Maintenant, ils ont écrit pour demander ma destitution. C’est le conseiller Djossou Mahouglo qui a rédigé dans le bureau de l’actuel préfet la note devant servir à me destituer. La procédure a été enclenchée et le préfet a envoyé la commission de conciliation qui a constaté qu’il ne peut y avoir de conciliation. Automatiquement, comme l’a dit le ministre, j’ai convoqué une session extraordinaire pour ma destitution. Mais entre temps, j’ai appris que le ministre de la Justice a dit qu’il faut qu’ils fassent tout pour me destituer. Même si tout ce qui est fait depuis le début n’est pas fondé, je vous assure qu’il est heureux. Le problème de ciment que j’ai réglé avant la session et pour lequel j’ai reçu des demandes d’explications a été évoqué devant le ministre de la Justice. Normalement, ils ne peuvent même pas écrire à la justice pour me faire destituer s’ils devaient respecter les textes. On ne peut pas me traduire devant la justice parce que je suis Officier de police judiciaire et je connais les textes.

Pourtant vos adversaires disent fonder leurs démarches sur ces mêmes textes

Les textes disent qu’ils ne peuvent pas s’en prendre à moi de façon aussi cavalière. Mais ils l’ont quand même fait. Ils ont fait de moi, ce qui leur plait. On m’a déposé comme un vulgaire délinquant alors que je ne le suis pas du tout. On ne pouvait pas m’arrêter. Le juge qui s’est prononcé la dernière fois pour lever mon mandat de dépôt a raison parce que l’article164 de la loi n° 97-28 du 16 janvier 1999 stipule qu’aucune affaire judiciaire ne peut sous peine de nullité être intentée contre une commune si le demandeur n’a au préalable adressé à l’autorité de tutelle le mémoire visé à l’article 162. L’action ne peut être portée que 2 mois après la réception du mémoire par l’autorité de tutelle sans préjudice des actes conservatoires. L’autorité de tutelle adresse le mémoire avec ses observations au maire et l’invite à convoquer dans les plus brefs délais le Conseil communal pour en délibérer. Ils n’ont rien fait de tout ça. On a écrit au procureur qui a demandé à la compagnie de m’entendre. On m’a entendu et on m’a déposé. On m’a gardé à vue comme un vulgaire délinquant. On m’a présenté au procureur qui a décidé de m’incarcérer. C’est fort de cette irrégularité que le juge a estimé qu’il fallait lever ce mandat de dépôt. Rien que pour l’année 2009 nous avons fait plus de réalisations que l’équipe précédente en a fait en 5 ans. En disant que je ne suis pas un maire G13, cela m’a permis d’avoir le financement pour construire le marché central de Dangbo. J’ai le financement pour construire 60 salles de classe, 60 hangars et 30 marchés à Tovè. C’est près de 500 millions d’investissement. Et vous savez, c’est les Fcbe qui m’ont aidé à l’avoir parce que je leur ai dit que je ne suis pas un maire du G13. J’ai fait la paix avec le ministre Noudégbéssi que j’ai indexé tout à l’heure parce que je sais que je suis devenu maire. Il ne sert à rien de continuer par lui faire la guerre. C’est lui qui a le pouvoir. C’est lui qui a les fonds de l’Etat et les logements économiques. J’ai négocié 100 logements économiques qu’il m’a accordés et que les Fcbe sont en train de combattre actuellement. Je vais vous dire au passage, les conseillers Fcbe de Dangbo ne sont pas les Fcbe entiers. Quand vous êtes dans la concession de la mairie de Dangbo par exemple et que quelqu’un vous demande où vous êtes, vous allez dire que vous êtes à la mairie. Si vous êtes dans mon bureau, vous allez dire que vous êtes à la mairie. Et celui qui est devant la mairie dans la rue, il va également dire qu’il est à la mairie. Mais vous n’êtes pas au même endroit. Vous êtes dans mon bureau, au cœur de la mairie, là où on prend les décisions et celui qui est dans la rue en face de la mairie, dira aussi qu’il est à la mairie. Les Fcbe de Dangbo, sans exception, ce sont des Fcbe de la rue. Des Fcbe qui n’ont pas amené une aiguille, une seule à Dangbo.

Et quelles sont les actions salutaires dont vous créditez votre équipe ?

Entre autres réalisations que nous sommes en train de faire, nous pouvons citer celle qui nous a permis d’amener l’eau potable à Kessounoun, dans l’arrondissement de Akomassè, c’est-à-dire chez Kouwanou Mathias et Kodjo Simplice. Voilà des conseillers qui n’ont rien apporté à la commune. Le conseiller Kodjo Simplice qui discute, qui soit dit en passant est un pasteur. Celui là, par le passé, vous connaissez l’histoire de Enerdas. C’est lui qui a fait dire que l’eau de la Vallée ne viendra pas au Plateau, « Wodji si sin ma dja a gué ». Et ils ont éteint Enerdas. Mais, aujourd’hui, après ma prise de service, l’équipe que je dirige a pu faire un forage à Dangbo. Elle a fait un château d’eau de 100 m3. Nous avons drainé de l’eau jusqu’à Kessounou. Nous avons mis 18 bornes fontaines de deux robinets chacune. Il y a 36 robinets qui déversent de l’eau à Kessounou aujourd’hui. Je vais vous dire également que j’ai pu mettre 84 millions pour lancer les travaux qui concernent la voie qui ira de Tovè à Hêtin-Sota, un village de Kessounou. Je vais vous dire également qu’il y a beaucoup de choses. Nous avons pu obtenir un Ceg pour Dèkin. La rentrée qui va commencer, les populations de Dèkin n’iront pas dans une autre localité avant d’aller au collège. C’est l’œuvre de la deuxième mandature que je dirige. La première mandature qui est de Mankami n’a pas pu l’obtenir. C’est moi qui ai pu l’obtenir. A Gbêkon, nous avons pu obtenir le second cycle pour le Ceg qui existait. A Dangbo, nous avons pu obtenir le 2ème Ceg. Et je vais vous dire au passage, que le marché que nous sommes en train d’obtenir, doit coûter environ 500 millions d’investissement. Et ce n’est pas sur le budget, c’est plutôt le résultat des démarches personnelles. Je vais vous dire aussi que les 100 logements doivent coûter la bagatelle somme d’environ 800 millions à 1 milliard. Nous avons pu l’obtenir parce que nous nous sommes dit que nous ne sommes pas maire G13. Cependant, je ne vous dis pas que je ne suis pas du G13. Je suis fier de le dire et je l’assume. Mais le maire de Dangbo, personne morale, n’est pas G13 parce que je veux le développement de Dangbo. C’est ce que je peux vous dire. Et si j’ai un appel à lancer aux populations, c’est d’être serein. Le maire de Dangbo, Clément Gnonlonfoun n’est pas venu manger à Dangbo. Je ne suis pas aussi médiocre que ceux qui s’en prennent à moi aujourd’hui. Je suis venu pour le développement de Dangbo et je le ferai au nom de Dieu. Même le lotissement pour lequel on m’a trainé ici, je le ferai. Ils ne pourront pas me destituer parce que la loi ne le leur permet pas.

Dites-nous comment se passe votre séjour ici, à la prison civile de Porto Novo, depuis votre arrestation ?

Vous voyez, mon séjour actuellement, je ne suis pas à l’heure de visite. Mais on est en train de s’entretenir. Vous avez encore vu un détenu dans la cour ? Les gens connaissent ma valeur. Ca se passe bien. Les choses se passeront bien et les gens de loi diront la loi. Vous verrez. Le juge qui m’a jugé, est un bonhomme qui a la tête sur les épaules, qui connait le droit, qui sait qu’on ne peut pas s’en prendre comme ça à un maire qui est un Officier d’Etat civil et un Officier de police judiciaire. On ne s’en prend pas à une personnalité comme ça et je suis plus important qu’un ministre. Un ministre, si le président décide de le chasser, il le fera dans les 5 minutes à venir. Mais le président Yayi Boni ne peut pas me chasser. Moi, je suis un élu comme lui et un maire est plus qu’un président de la République parce qu’un président de la République, c’est tout le Bénin. Les gens ne le connaissent pas. Il suffit qu’il ait des gens un peu partout pour lui réunir le suffrage et les gens vont le supporter. Mais pour devenir conseiller, c’est difficile. Moi je suis un conseiller dans mon arrondissement et je suis élu maire. Je suis plus important que lui. Je suis plus important que le ministre Topanou.

Tout le monde n’est sans doute pas contre vos projets. Quels sont les soutiens dont vous avez bénéficiés jusque-là ?

Je vais vous dire une chose. A l’audience passée, je n’ai payé qu’un seul avocat. Mais il y en avait 10. Ce sont les gens qui me soutiennent qui ont commis ces avocats. Le président Sacca Lafia avait pris deux avocats. Mais finalement, il y a eu 7 autres et je ne sais pas qui les a commis. Et je vais vous dire une chose. Jai dû demander aux gens de ne pas me faire de casses. De ma prison, je mets la pression pour qu’il n’y ait pas de soulèvement populaire, parce que je sais que je sortirai victorieux. Mais si je permets aux populations de se révolter, quand je vais sortir, je vais diriger quelle mairie ?

Avez-vous les échos de cette population ?

Les populations se déversent à la prison civile de Porto Novo tous les jours.

Vos militants ?

Pas que mes militants. 80% des populations me soutiennent. Si je laisse les populations meurtries, il y aura des casses. Mais, je maîtrise la population qui m’aime et me respecte. Les 10 avocats que j’ai eus en est la preuve.

Pourquoi malgré cette situation difficile, on a l’impression que vous vous accrochez à votre fauteuil ?

Quel fauteuil ? Si moi je laisse le fauteuil de maire aujourd’hui, j’aurai encore plus de matériel. Mais dans la vie, il faut faire fi des avantages matériels. On parle de 2 millions. Ma fille qui est ingénieur agronome dirige une société que j’ai créée et elle utilise plus d’une trentaine de personnes. La provende qui est mangée par les poules par semaine, c’est dans l’ordre de 3.500.000 Fcfa. C’est dire que ce sont des minables. Je dois faire attention pour ne pas me faire prendre au piège de la médiocrité. Donc, soyez tranquilles, les choses vont se régler. Le juge a prononcé la levée de ma détention et s’est déclaré incompétent parce que je suis un Officier d’Etat civil. On ne peut pas s’en prendre à moi aussi facilement que ça. Et je lance un appel aux autres maires. Il y a quelqu’un qui a dit « quand on est venu arrêter les communistes, je n’ai rien dit. Quand on est venu arrêter les juifs, je n’ai rien dit. Il n’y avait plus personne ». C’est de ça qu’il s’agit. Si on s’en prend à un maire aussi impunément aujourd’hui et qu’ils ne disent rien, c’est ridicule. Moi, je m’en sortirai parce que la loi est là. Le juge m’a jugé, il est compétent.

Monsieur le maire, vous vous êtes beaucoup occupé des affaires de la mairie. Mais une fois ici, comment vous gérez votre quotidien ?

Mais je vous ai dit que j’ai affaire à des analphabètes politiques. Ils croyaient que s’ils font des magouilles pour me jeter en prison, ils allaient gérer la mairie. Mais ils ne le peuvent pas puisqu’ils ne peuvent pas émettre des mandats. Je n’ai pas encore fait 15 jours ici et la mairie est bloquée. J’ai dû prendre une note de service le samedi 26 septembre dernier pour nommer un chef des affaires financières, pour pouvoir faire les mandats qu’on amènera pour que je signe demain.

On va vous les emmener ici en prison ?

Bien sûr, ils m’ont emmené en prison. Ils ne peuvent pas me remplacer, c’est illégal. Ils sont en train de se rendre compte à leurs dépends qu’ils sont sur une fausse route. Ils vont me libérer vous aller voir.

A en croire les rumeurs, vos adversaires politiques sont en train de compter les 15 jours pour votre succession. N’êtes-vous pas inquiet ?

C’est pour ça que je dis que ce sont des analphabètes politiques. Ils n’ont qu’à compter 15 jours ou même 100 jours. Tant que je ne suis pas condamné, ils ne peuvent pas me remplacer. La loi n’a pas dit ça. Ce serait un précédent très grave. Moi, je ne vis pas de mairie. Même si je perds la mairie aujourd’hui, ce serait mieux matériellement pour moi. Mais c’est mon honneur qui est en jeu. C’est pour cela que je tiens à ça.

D’où puisez-vous vos forces ?

Je puise mes forces dans l’humilité. Je puise mes forces dans ce qui est légal. Je puise mes forces dans ce qui est normal. Ils sont dans l’illégalité et vous allez voir, ils ne peuvent pas prendre la mairie. Puisque moi je n’ai rien fait. Le C/Saf a avoué à la barre que je n’en suis pour rien. Et ils disent que, j’ai pris une indemnité 2 fois. Mais ils ne savent pas que j’ai également donné une demande d’explication au C/Saf où il a dit qu’il a payé mes frais d’électricité et de responsabilité. Et que ce n’est que quand il a pris les fonds que je lui rembourse qu’il est parti verser les 2 millions 37 mille francs avant décembre 2008. Ils ne savent pas ça. C’est des analphabètes. C’est-à-dire que quand on est imbibé de haine, on ne fait plus attention à tout ce qu’on fait. Le moment venu, on verra bien.

Face à la situation d’aujourd’hui, le maire Gnonlonfoun se prend-il pour une victime ou un héros ou les 2 à la fois ?

Je suis victime de la médiocrité. Mais ils sont en train de faire de moi un héros. Vous allez voir ce qui va s’en suivre.

Et comment, envisagez-vous la suite de votre carrière politique ?

Moi, je ne me considère même pas comme un politicien. Mais ils sont en train de faire de moi, un homme politique puisqu’aujourd’hui je suis connu sur internet. Est-ce que moi j’ai l’argent ? Et pourtant, regardez les journaux qui sont sortis dans la semaine. La dernière fois, on m’a apporté plus d’une quinzaine de journaux qui ont parlé de Clément Gnonlonfoun. Est-ce que moi j’ai l’argent pour me faire paraitre à la Une sur ces journaux ? Sur internet, tout le monde connait Clément Gnonlonfoun. Aujourd’hui, c’est eux qui sont en train de faire de moi un homme politique important. Je les remercie. Parce que quand quelqu’un s’en prend négativement à vous, vous ne devez pas lui en vouloir. Il vous donne l’occasion de vous remettre en cause, de transcender votre médiocrité et de vous élever. C’est ce qu’ils sont en train de faire et je les remercie.

Un dernier mot, à vos proches, parents et ceux-là qui pensent à vous en prison ?

Je remercie ceux qui m’ont mis en prison parce qu’ils ont fait de moi, un homme populaire. Ils ont fait de moi aujourd’hui un homme dont tout le monde parle. Moi je n’ai pas les moyens pour me rendre aussi populaire que ça. On me connait plus que Yayi Boni aujourd’hui. Du Nord au Sud. Les 8 millions d’habitants connaissent Gnonlonfoun Clément, un maire qui a été injustement incarcéré. C’est de ça qu’il s’agit. Mais je lance un appel solennel et vibrant pour les 70 mille habitants et 41 villages et 7 arrondissements de Dangbo que Clément Gnonlonfoun n’a pas détourné des derniers publics. Clément Gnonlonfoun a été victime d’une machination qui a été montée par le C/Saf et le receveur percepteur de Dangbo. Clément Gnonlonfoun est une victime. Il est quelqu’un qui veut le développement. Clément Gnonlonfoun est en train de réaliser un ouvrage qui coûte 350 millions d’investissement sur le budget communal. Alors que ceux qui m’ont précédé n’ont pas fait 40 millions en 5 ans. Il est quelqu’un qui a pu avoir plus de 500 millions pour construire hors budget communal, le marché de Dangbo. Clément Gnonlonfoun c’est quelqu’un qui a pu obtenir la construction de 100 logements économiques. Dès que les eaux vont se retirer, vous allez voir le bureau d’étude est déjà choisi. Avant mon mandat, on ira jusqu’à Hêtin-Sota même en pleine crue. Puisque, c’est un défi que je me suis lancé. Et je le réussirai au nom du Seigneur. Ce qui est sûr, je sortirai victorieux, plus fort que je n’étais. Ils ont fait de moi un homme politique que je n’étais pas. Moi je suis un technicien, un ingénieur des travaux publics et c’est parce que les gens m’ont lancé un 1er défi que j’ai relevé en devenant maire. En devenant maire d’une commune insignifiante qui est derrière sur les 76 autres communes. J’avais honte pour la commune de Dangbo quand on se retrouve entre les maires. Et je m’étais assigné une mission, celle de relever le défi pour que Dangbo cesse d’être la dernière commune du Bénin. Et plaise à Dieu, je réussirai le pari. Imaginez-vous, Dangbo est la seule commune sur les 77 où le maire roule avec une 505 qui a plus de 20 ans d’âge. Selon pratiquement toutes les statistiques, Dangbo est dernière. Mais je sortirai victorieux. Ils ne pourront pas nommer un autre maire puisque le maire ne se nomme pas. Il y a des procédures pour placer un maire. Mais les médiocres, les analphabètes politiques et intellectuels ne savent pas lire ce recueil de loi qui est pourtant à leur disposition. Ils ne savent pas lire. S’ils avaient lu la loi, ils ne seraient pas en train de me faire la publicité gratuite. Ils ont fait aujourd’hui et tout le monde connait Clément Gnonlonfoun. Je les remercie infiniment.

Réalisée pour Océan Fm par Virgile Ahouansè

Transcription :
Christophe Yagbanon, Idelponse Akpaki et Claude Ahovè (Stag)
Journal LE MATINAL 30/09/09

Publié dans Politique nationale

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