Chronique du jour: Sous le poids de l’exclusion de Bako !

Le G13 est décidément en délicatesse avec lui-même. L’exclusion de Bako donne de la matière à la voirie politique et enfonce le G13 dans ses travers. Nouveaux symptômes du malaise : un communiqué véhiculant le mécontentement de quatre députés qui désapprouvent l’exclusion d’Arifari Bako. Depuis sa nomination à la tête de la Commission politique de supervision (Cps lépi), le coordonnateur est dans la mire de certains de ses partenaires du G13 qui l’ont mis dans une étrange nasse d’accusations. Son immolation sur l’autel politique du G13 est vite annoncée dans une sentence livrée sur les sciures du sectarisme. Conséquence : le G13 s’emballe dans la contestation de quatre de ses membres, tous opposés au diktat des partisans de l’exclusion.
L’ambiance délétère dans la maison G13 et ce renvoi proclamé d’Arifari Bako soumettent ce bloc politique à un vent glacial qui pourrait congeler ses ambitions. Le front anti Bako a remué inopportunément le nid d’où sortaient les fumées de la discorde. Politiquement cette situation enflammée peut accoucher de retombées fâcheuses sur la marche de l’opposition vers la Marina et muer le rêve de l’alternance en illusion. Le G13 bipolaire laisse découvrir le poison dissolvant susceptible d’emporter Bio Tchané. L’origine des députés protestataires est un facteur décisif et éloquent. Issa Salifou Antoine Dayori, Antoine N’dah, Tokou Dari, sont en effet tous élus dans la partie septentrionale du pays. Dans ce lot du Nord, seul Wallys Zoumarou, qui façonne passionnément les rêveries pour son candidat Tchané a applaudi la décision à polémique. Mais la querelle de l’exclusion peut pousser les pro Bako dans les bras de Boni Yayi. Il est évident qu’un refus des cinq députés, y compris Bako, de suivre Zoumarou dans son combat pour Tchané anéantirait les chances du président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) dans le septentrion. Le baptême électoral de Tchané sera voué à subir le flop dans l’immense fief de l’Upr et de Force espoir. Yayi aura l’occasion de se balader en champion dans le marché des suffrages.
Cette exclusion de Bako qui hisse Léon Ahossi à la coordination du G13 fabrique elle-même les ingrédients de la controverse. Le député Ahossi jugé proche de Tchané et qui prendrait sa source d’inspiration à Lomé est l’un des acteurs de la signature d’un cadre de concertation pour la sauvegarde de la Démocratie avec d’autres forces politiques sans consultation préalable avec les différentes composantes du G13. Cette démarche appelle la logique de la punition. Le successeur du coordonnateur exclu est maculé de la fiente de l’inélégance et de la faute. En tombant dans le piège des décisions d’humeur, le G13 creuse sa propre tombe et donne à ses élus du septentrion des arguments pour rejoindre Boni Yayi et s’éloigner de Bio Tchané.
Les lourds nuages qui pèsent sur le ciel du G13 sont complétés par des agissements à impact néfaste sur l’environnement de ce bloc. Les anti Bako font planer la menace de cassure du groupe. A qui profitera la mort du G13 ? Yayi semble favori dans la signature d’un contrat politique avec le camp Saley-Dayori-Bako-Dari-N’Dah frustré par un acte d’exclusion parrainé par le clan anti Yayi proche de l’UN et de Tchané.
Sauf d’impondérables politiques majeurs, le tumulte au G13 va requinquer le chef de l’Etat. La tempête sur l’exclusion de Bako peut sauver Boni Yayi dans la bataille du septentrion. Le renfort de la troupe de l’actuel président du G13 au leader cauri jouera sur le baromètre.
Le G13 sacrifie au devoir de clarification dans le déchirement et emprunte la voie de l’exclusion pour décanter son clair sombre. Avec Bako au cœur du tourbillon, chaque camp a trouvé son repère. Pro Bako et anti Bako s’affrontent pour assurer la mise à mort du G13. Les jours de ce groupe sont comptés. Yayi et Tchané en tireront les leçons au Nord du pays.

Sulpice O. GBAGUIDI
Journal FRATERNITE  26/04/10