Débat sur la Cen Sad et les exonérations au parlement : Rosine Soglo menace d’envoyer Yayi et son gouvernement à la Haute Cour de Justice (70 milliards de F Cfa volés selon les députés)

Publié le par MJPAC-ABT

rosine assemblee jauneLe gouvernement et la mouvance présidentielle ont perdu la face hier à l’hémicycle. Ils n’ont pas pu apporter des éléments contradictoires aux députés de l’opposition et ceux de l’aile critique de la mouvance qui  ont révélé 70 milliards de détournements à l’occasion de l’organisation du sommet de la Cen-Sad.  La mouvance s’est contentée des réponses laconiques et confuses mises à la disposition du Parlement suite à son interpellation. L’opposition promet la Haute Cour de Justice à Yayi et à son gouvernement.
La présidente Rosine Soglo a menacé  d’assigner Yayi et son gouvernement devant la Haute Cour de Justice au cas où les allégations de ses collègues seront confirmées. Il faut en effet dire que les débats ont été très houleux hier à l’Assemblée Nationale au sujet de l’affaire Cen-Sad. 70 milliards de F Cfa ont été en effet dilapidés par le gouvernement Yayi sans sanction depuis deux ans dans l’affaire Cen-Sad. Pour le député Désiré Vodonou « les documents qu’ils ont à leur portée proviennent du ministère des finances et pourtant les ministres viennent faire la comédie devant la représentation nationale.  Ils s’entêtent à ne pas  fournir  les documents que nous réclamons dans l’interpellation pour confronter les preuves avec la documentation que nous avons eue par nos sources propres ». Cette attitude du gouvernement est considérée par les députés comme un refus délibéré de faire la lumière sur l’affaire Cen-Sad et  les exonérations.  Le député  Yibatou Glèlè rappelle au Chef de l’Etat qu’il a fait l’aveu,  selon lequel il y a effectivement eu malversations financières pour ce qui concerne la Cen-Sad mais ne comprend pas pourquoi il se refuse à mettre le dossier à la disposition de la justice.  L’honorable Zoumarou Wallis enfonce le clou et qualifie le gouvernement Yayi de « régime le plus corrompu au Bénin ». « C’est un gouvernement de vol à mains armées. Combien de personnes sont interpellées devant les juridictions dans cette affaire et combien sont les fonctionnaires inquiétés administrativement si tant est que les ministres ne sont pas mêlés » souligne-t-il. Les députés Ahouanvoébla, Yahouédéou, Akotègnon, Cakpo Kifouli, Sacca Fikara, ont à leur tour puisé dans les éléments de réponses du gouvernement d’une part et dans les fruits de leurs enquêtes individuelles pour clouer le bec à la mouvance présidentielle. « Yayi déclare qu’il y a eu vol mais sans voleur. Les ministres qui ont participé au pillage          sont encore au gouvernement car intelligemment, ils ont su faire le jeu avec certains de manière à ce qu’ils soient devenus indéboulonnables. 70 milliards au total sont  volés. Déjà, le toit du CiC coule.
La façade  veut s’affaisser et les tôles des hangars se sont volatisées, parce que ce sont les matières de qualité douteuse qui ont servi à les fabriquer. Lorsqu’il pleut à Cotonou, les avions ne peuvent plus atterri parce que la piste réaménagée et agrandie dans le cadre du sommet est mal faite. Je n’avais jamais entendu parler de la société Adéoti au Bénin pour ce qui concerne les travaux routiers avant l’arrivée de Yayi. Je connaissais Satom, Colas,  mais subitement cette entreprise est devenue un partenaire privilégié de l’Etat. A la lumière de mes enquêtes, je constate qu’il est un frère du Chef de l’Etat »,  s’est désolé le député Yahouédéou prêt à apporter la contradiction aux membres du gouvernement sur les plateaux de télévision de leur choix.  Les honorables Ahouanvoébla et  Kifouli ne comprennent pas pourquoi lors des exonérations des produits de grande consommation dans le cadre de la lutte contre la vie chère, une seule société privée a bénéficié d’une exonération 30 milliards de F Cfa environ. Le hic dans cette affaire d’exonération est que  le gouvernement a prolongé les mesures prises jusqu’en 2010. « Je constate dans les documents fournis par les ministres que la société Laïco a un  délai de fin des travaux illimité pour un sommet qui est passé. Pour le gouvernement,  l’organisation matérielle des deux journées qu’a duré le sommet a coûté environ 2 milliards de F Cfa alors que les autres frais classés dans le registre des imprévus sont évalués à 3milliards de F Cfa.  A qui appartiennent les villas Cen Sad de type présidentiel réalisées onéreusement à 500 millions de F Cfa l’unité ? », s’est  interrogé l’honorable Kifouli.
La mouvance désemparée
La mouvance présidentielle désemparée a souhaité que la commission d’enquête fasse son travail pour mieux apprécier les allégations des uns et des autres.  «  Je suis confus par la multitude des chiffres qui sont avancés par le gouvernement et les collègues. Je souhaite que les débats soient ajournés et que  la commission parlementaire et  la justice  fassent leur enquête. Sur la base des résultats scientifiques, on pourra faire la discussion », a souhaité l’honorable Sagui Yoto Justin. « Face  à des chiffres aussi faramineux on ne peut qu’être inquiet »,  rétorque le député Dègla. Il poursuit en soulignant ceci: «  si le Chef de l’Etat est le premier à parler du dossier, c’est pour la manifestation de la vérité. Que la commission fasse son travail afin de nous permettre de situer les responsabilités ». Le député Amadou Tayo a souligné que la démarche adoptée par la plénière est suspecte car les députés de l’opposition condamnent sans avoir fait l’enquête et ils iront dans la commission pour confirmer leurs déclarations. Outres ces interventions, les députés de la mouvance n’ont pas eu les armes nécessaires pour défendre le pouvoir abandonné pour la constance à lui-même.

Tobi Ahlonsou
Journal LA PRESSE DU JOUR  25/06/10

Publié dans Politique nationale

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