Installation des minis-stations d’essence: Un gouffre financier de 100 milliards F Cfa

Publié le par MJPAC-ABT

Les promoteurs des minis-stations d’essence sont en faillite. Ils en veulent au régime du Changement dont la politique de navigation à vue et la précipitation dans les prises de décisions les ont conduits dans un gouffre financier de plus 100 milliards de francs Cfa.
Dès avril 2006, le gouvernement du Dr Thomas Boni Yayi a pris la décision de lutter farouchement contre la vente illicite de l’essence en provenance du Nigéria. Des opérateurs économiques béninois ont été invités à investir dans le secteur des hydrocarbures avec des exonérations sur les équipements. Emerveillés par le discours du nouveau régime, bon nombre de Béninois de la diaspora se sont jetés à l’eau. C’est dans ces conditions que les minis-stations ont vu le jour dans les principales villes du pays avec comme impact immédiat la création de nouveaux emplois et la lutte contre le chômage. Après trois années d’activités, le constat est amer. Presque toutes les minis-stations d’essence sont en passe de fermer boutique à cause de la précipitation dans laquelle ce projet à été conduit d’une part, et surtout d’autre part, du fait du non respect des engagements du gouvernement. Rappel Selon la Commission nationale d’assainissement du marché intérieur des produits pétroliers et de leurs dérivés (Conamip), le trafic de l’essence kpayo fait perdre plus de 80 milliards de francs Cfa par an à l’Etat béninois. Si on y ajoute la facture des nuisances sanitaires et environnementales dues à la commercialisation de ce produit, alors on pourrait se demander ce qui justifie le silence de l’Etat béninois sur ce trafic. Dans le cadre des mesures coercitives annoncées par le gouvernement, pour mettre fin au trafic de l’essence en provenance du Nigeria, de nombreux concitoyens et surtout ceux de la diaspora ont eu à soutenir l’initiative. Des milliards de nos francs ont donc été investis par nos compatriotes dans le projet des minis-stations d’essence. Tout le monde était content de voir ces minis-stations d’essence s’implanter dans toutes les villes du pays. Ce qui a permis de résorber un tant soit peu, l’épineux problème du chômage des jeunes à travers la création d’emplois nouveaux. Après trois années d’activités, l’on est aux regrets de constater que les minis-stations d’essence mettent peu à peu la clé sous paillasson. Les responsabilités Plusieurs raisons justifient cette situation. D’une part, le gouvernement du Changement n’a pas respecté son engagement vis-à-vis des promoteurs des mini-stations et d’autre part, le projet n’a pas été mûri avant sa mise en œuvre. Toute chose qui confirme la politique de précipitation qui caractérise le gouvernement Yayi depuis avril 2006. On se rappelle également que suite à l’interdiction de ce trafic, tout juste après les incendies de Porto-Novo et de Porga, l’ancien ministre du Commerce Soumanou Moudjaïdou a été désavoué par le chef de l’Etat. Mieux, il a reçu les contrebandiers au Palais de la République. C’était sans nul doute le premier scandale sous le Changement. C’était comme si Boni Yayi recevait les trafiquants de drogue ou d’armes à la présidence car le kpayo et la cocaïne ou les armes ont le même statut (produits interdits). Requinqués par leur légitimité auprès du chef de l’Etat, les vendeurs d’essence frelatée ont poursuivi leurs activités en toute quiétude. Les plus gros sont devenus par la suite membre des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Des associations des Fcbe vendeurs de Kpayo sont crées ici et là pour soutenir les actions du chef de l’Etat. C’était donc une manière pour eux de protéger leurs intérêts. Le populisme ou l’économie ? Dans cette affaire, la responsabilité morale du gouvernement béninois est engagée. C’est lui qui a convaincu les opérateurs économiques d’investir dans cette filière. En contre partie, il devait mettre fin à l’activité des contrebandiers. Ce qui n’a jamais été le cas. Les multiples rencontres à la présidence de la République entre le chef de l’Etat et les acteurs de cette filière n’ont jamais abouti. C’est comme si l’Etat béninois voulait d’une chose et son contraire car entre renflouer les caisses du trésor public et faire du populisme, le régime du Changement a choisi la seconde option à cause du nombre de personnes impliquées dans ce secteur. Conséquences fâcheuses Cette situation a favorisé le développement du trafic en toute impunité sans impôts et autres taxes. Sur les 87 minis-stations dénombrés à Cotonou à peine trois fonctionnent à cause de la concurrence déloyale des acteurs informels et le harcèlement fiscal dont les promoteurs sont victimes (Tva, Ibic, Ipts, Igr, Tsv,Tsh etc… ). Aujourd’hui, la situation financière des sociétés ayant investi dans ce projet au Bénin est catastrophique. Outre la baisse drastique des recettes, il faut ajouter les taux d’intérêts des prêts à la banque qui ne font qu’augmenter au jour le jour. Certains promoteurs ont vu leurs biens saisis. D’autres sont devenus stressés voire hypertendus à cause du gouffre financier qui est estimé à plus de 100 milliards de francs Cfa. Quel tort ces compatriotes ont-ils commis en faisant des investissements dans leur pays ? Quelle crédibilité pour le pays ? Le Bénin est reconnu par la communauté financière internationale comme un pays peu rassurant. Selon le dernier classement de Doin Busness de la mondiale, le Bénin occupe la 172ème place sur 183 nations loin derrière le Togo, le Niger, le Rwanda etc. Ce qui constitue une illustration parfaite du climat des affaires au Bénin actuellement. De toutes les façons, c’est la crédibilité du gouvernement du Dr Boni Yayi qui est en jeu. En ne respectant pas ses engagements vis-à vis de promoteurs de minis-stations d’essence, le Dr Boni Yayi a empêché sans s’en rendre compte le rayonnement économique du pays. C’est ce qui justifie en partie le peu d’intérêts que portent les investisseurs sérieux pour le Bénin.

Judicaël ZOHOUN
Journal 24 HEURES AU BENIN 29/10/09

Publié dans Politique nationale

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