La révolte, le chantage ou le bluff ?

Publié le par MJPAC-ABT

Deux tumultueuses années au perchoir, trois rapports d’activités rejetés, des crises à répétition pour que Maturin Nago se décide enfin à parler. Apprécier ce morceau choisi : « …une mauvaise gestion, surtout si elle perdure, va nous amener inexorablement dans un état de décrépitude et d’arriération jamais égalé. Nous tous, devons en prendre davantage conscience, surtout avec les dernières "affaires" qui ont été portées à la connaissance du peuple béninois. Nous devons en prendre conscience, d’abord pour nous-mêmes, pour notre survie ; ensuite pour la survie de notre postérité et de notre Nation … ». Un extrait éloquent du discours d’ouverture de la deuxième session parlementaire de l’année 2009. Ils ne doivent pas être nombreux au sein de l’hémicycle ce 27 octobre 2009 à ne pas entendre pas « dernières affaires » la clameur populaire suscitée par le gigantesque scandale autour de l’organisation à Cotonou du sommet de la Cen-Sad. Des milliards du contribuable volés par des courtisans du régime sans que personne n’en rende gorge.
Le Nago du 27 octobre 2009 est loin de l’équilibriste opportuniste. C’est carrément de la révolte. Car après la demande de pardon télévisée de Yayi le 1er août 2009, tout émergent enrôlé devrait la boucler. La réintégration du ministre suspendu, Noudégbessi fait office d’interprétation officielle de l’absolution sollicitée par le docteur-président auprès de son peuple au nom de tous les émergents trempés dans l’affaire. Rouvrir le débat et interpeller les consciences y compris la « postérité et la nation » est une transgression passible d’une excommunication irréversible. Le traître qui offre à l’ennemi sur un plateau d’or l’arme fatale. C’est désormais plus facile à tout érudit des « G » et « F » d’exhiber ce qu’en dit un des présumés thuriféraires du régime sur la lutte contre la corruption précisément. Nago demeure jusqu’au prononcé de ce discours un membre influent du yayisme. En cela, le texte n’a rien d’équilibré puisqu’il n’a osé la moindre critique frontale à l’endroit des « opposants ».
Mais les gens n’ont certainement pas oublié que l’avènement même de Nago au perchoir constitue un chef-d’œuvre de la ruse politique caractéristique de la gouvernance des émergents. Une ruse qui a provoquée plus tard la furie des têtes brûlées regroupées au sein du G13. Il n’est donc pas exclu qu’une fois encore, le régime du Changement n’actionne un nouveau piège juste dans le dessein de faire avaler à la représentation nationale le panier à détourner les deniers publics décliné sous forme de projet de budget. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que le désir de tromper les autres et de fausser les débats aurait pris le dessus. L’hémicycle n’est toujours pas remis du dol qui a prévalu à l’adoption du projet exercice 2009 où ceux qui ont cru à la bonne foi des négociateurs de la Marina se sont retrouvés au lendemain du vote avec des amendements dénaturés, des promesses détournées et une récupération politique malsaine. Il fallait en profiter pour assener le coup mortel à la cohésion de la coalition anti-Yayi. Peine perdue.
Et puis, c’est aussi le Changement qui a fait découvrir aux Béninois le coup de la révolte feinte qui donne droit à son auteur un retour en grâce illico auprès du grand chef. On se remémore l’emblématique Eloi Aho de Fcbe reçu en grande pompe à la Marina après avoir délivré une procuration au grand Satan, Houngbédji. Il a dû revenir sur sa décision dès la fin d’une audience qu’il avait longtemps sollicitée en vain. On ne compte plus les supplétifs Fcbe qui ont dû avoir recours à des actions d’éclat susceptible de déclencher l’émotivité du chef. Le service d’intervention rapide de la Marina ne manque pas d’arguments dans son écurie : espèces sonnantes et trébuchantes, maroquins, marchés gré à gré, passe-droits ou impunité.
Au choix, monsieur du perchoir…

Arimi choubadé (http://arimi.freehostia.com)

Publié dans Politique nationale

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