Le Boeing 727-200 de Yayi réparé au prix d’un nouvel avion (Toujours garé à Perpignan en France)

Publié le par MJPAC-ABT

avion presidentiel garage europeLa dernière conférence de presse donnée le 09 juin dernier par le colonel Camille Mitchodjêhoun, chef d’Etat major de l’armée de l’air sur la qualité de l’avion présidentiel a apporté plus d’inquiétudes aux populations qu’elle ne les rassure.  Les points d’ombre persistent. La vérité est encore cachée sous le boisseau et on a comme l’impression que tout reste à dire sur cet appareil digne du désert de Mojave.
« A peu près 4 milliards ».C’est ce qu’aurait coûté les travaux de réparation effectués sur l’avion présidentiel. Le manque de précision dans ce chiffre avancé par le colonel Mitchodjêhoun lors de cette conférence est l’expression même du camouflage de la vérité par les principaux acteurs. Pour un dossier aussi sensible, objet d’interpellation du gouvernement par les députés à l’assemblée nationale et qui irrite bon nombre de personnes, qu’est-ce qui coûte aux personnes impliquées de s’armer d’arguments pertinents et de preuves tangibles avant de monter au créneau. Ceci pouvait les absoudre des prévarications et de la mauvaise gestion dont on les accusait. Mais hélas, ils sont passés à côté de l’essentiel avec un Camille Mitchodjêhoun qui avance un chiffre sans précision et qui ose de dire aux journalistes (ceux qui attendent des preuves de lui) d’aller au ministère des finances pour avoir plus de précision sur ce chiffre. Plus grave, il rajoute aux soupçons de magouille en déclarant que les travaux continuent et que ce montant est très insignifiant pour ce genre de travail et qu’il faut s’attendre à ce que le montant augmente encore. Il surfe là sur l’ignorance de la majorité des Béninois dans les domaines de l’aviation et de l’aéronautique qui relèvent de savoirs élitistes. Seulement, il perd à l’esprit qu’ici bas sous les cieux, rien n’est caché. Le prix d’achat d’un avion de seconde main ou le prix de réparation d’un tel appareil n’est plus pour autant un secret de Polichinelle. A moins qu’on soit décidé à abrutir le peuple. Selon nos investigations, le montant de 4 milliards et plus avancé pour cette réparation parait exorbitant pour ces différents check et la reconfiguration Vip de l’intérieur.

Des cas foisonnent et montrent que des opérations similaires ont été faites en Afrique du Sud, en Espagne et aux Etats-Unis à des prix qui varient entre 2 et 4 milliards de Cfa et ces appareils sont dans un bon état et volent bien. Internet en donne d’ailleurs l’exemple pour ceux qui savent l’utiliser. Mieux avec ce montant avancé, le Bénin pouvait acheter un autre avion de même marque que l‘actuel, donc un boeing 727-200, à un prix plus préférentiel. Pour exemple, au même moment on faisait les dernières réparations pour ramener cet avion (entre 2004 et 2006), un avion Vip de la marque, usager et qui vole bien était mis en vente en Afrique du Sud au prix de 2,8 milliards. Depuis l’attentat du 11 septembre avec son corollaire de faillite des compagnies aériennes, les aéronefs ne coûtent plus si chers. Certains qui sont plus jeunes que le nôtre âgé au moins de 26 ans, sont déposés dans le désert de Mojave (voir encadré) et vendus à des prix variant entre 500 millions et 7 milliards. Pourquoi gaspiller donc des milliards pour réparer un engin qu’on ne sait pas s’il va vraiment voler un jour ?

Pourquoi cet avion ne peut pas être présidentiel ?
Ni le baptême de l’air risqué organisé à l’intention des journalistes par le Général Robert Gbian, ni la conférence de presse du colonel Camille Mitchodjêhoun n’ont suffi à dissiper les inquiétudes sur le mauvais état de cet engin. Au contraire, ils en ont rajouté au point où on se demande si ce dossier n’est pas un nouveau scandale financier en gestation. Les nombreux check que cet appareil a subis et dont le colonel Mitchodjêhoun semble être si friand sont la preuve même que notre avion présidentiel est dans un mauvais état. En effet, les check ne sont pas des opérations de plaisir ou de prestige. Ce sont des opérations de maintenance légère ou approfondie qui interviennent après une certaine durée de vol (par exemple 12 à 18 mois pour un check C en ce qui concerne un vol commercial). Ils sont donc plus fréquents, plus coûteux  et durent plus lorsque l’avion commence à vieillir. Alors une question à Gbian et à ses acolytes. Peut-on avoir un avion présidentiel qui sera en perpétuelle réparation ? Autre vérité qu’on nous cache. L’avion, nous a-t-on dit, est revenu après un check D (le dernier et le plus raffiné de tous les check) en Angleterre. Il vole pendant environ dix heures, (de l’Angleterre à Cotonou, et Cotonou – Lagos aller retour) et tombe en panne. On l’envoie encore pour un check C à Perpignan, ce qui paraît surprenant. Une autre vérité, l’avion présidentiel n’aurait qu’une autonomie de vol d’environ six heures. Il ne peut donc pas aller directement aux Etats-Unis. S’il doit y aller, il doit faire des escales sans oublier des caprices de vieil avion qu’il peut montrer. A quoi bon si l’avion ne peut aller qu’à Lomé ou à Lagos ?. Pour les longs courriers, on doit affréter un avion au président à moins que les chantres de cet avion choisissent de mettre la vie du président en danger. Tout se passe comme s’ils sont plus préoccupés par le lucre que de garantir la sécurité de vol au président de la république. Une proposition à Gbian et à ses amis, l’avion pourra servir au transport de marchandises entre Cotonou et Parakou grâce au nouvel aéroport en construction.

Le désert de Mojave
C’est un désert situé à une dizaine de kilomètres de Los Angeles aux Etats-Unis. Depuis le 11 septembre 2001 où les Etats-Unis ont connu l’attentat terroriste du world trade center, le cimetière d’avions qu’il abrite est devenu plus actif avec la faillite de nombreuses compagnies de transport aérien. Ces compagnies, en effet, y vont déposer leurs vieux avions où on procède parfois à la vente de quelques-uns qui peuvent encore être utilisés.

Marcel Zoumènou
Journal LA NOUVELLE TRIBUNE  23/06/10

Publié dans Politique nationale

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