Présidentielles 2011 / Affaire ICC Services et Consorts: Yayi promet le remboursement aux spoliés (Avant les élections ?)

Publié le par MJPAC-ABT

yayi_machette_139.jpgBoni Yayi a été formel le 30 décembre 2010, à l’Assemblée Nationale dans son message sur l’état de la nation : « Le gouvernement veillera à ce que les fonds illégalement pris soient restitués aux déposants ». De plus, à l’occasion de son message de vœux à la Nation pour le nouvel an, il l’a réaffirmé : « l’Etat est vraiment décidé, en sa qualité de garant de l’ordre public et dans son rôle de facilitateur à retourner l’argent escroqué à leurs propriétaires ». On ne peut pas douter en principe de la parole du Chef de l’Etat. Il a pris un engagement solennel devant la représentation nationale. Disons même qu’on ne doit pas douter en principe de la parole du Chef de l’Etat. Il faut donc lui faire confiance a priori. Soit.

Mais il se pose deux questions principales :

Quand finira-t-on de payer les spoliés ?

Comment les paiera-t-on ? Autrement dit, avec quels fonds les paiera-t-on ?

Le phénomène de placement illégal de fonds, dit « affaire ICC Services et Consorts » était qualifié d’« épiphénomène » par les gouvernants, aux temps forts de sa survenance. On comprend maintenant que ce fut par réaction de défensive.

Puisque le 30 décembre dernier, Boni Yayi lui-même a reconnu qu’il faut « déplorer ce phénomène qui a mis à rude épreuve nos compatriotes spoliés de leurs biens et de leurs richesses ». Il a surtout reconnu dans son message de vœux du 31 décembre que « les conséquences de cette duperie ont été catastrophiques pour l’épargne nationale et surtout pour nos compatriotes qui se sont laissés abuser par des marchands d’illusions ». C’est vrai que la réponse du gouvernement face à ce phénomène a été de mettre aux arrêts les personnes impliquées, de saisir les numéraires et biens illégalement acquis, de recenser les structures mises en cause ainsi que les déposants et de superviser le processus de remboursement progressif par certaines structures illégales.

Seulement, on se demande bien si tout ce qui a été fait est dans une logique d’efficacité. Quand finira-t-on de payer les spoliés ? Mystère ! Aujourd’hui, ce sont les structures illégales, autres que Icc qui essaient de faire semblant de payer, à un rythme qui fait sourire. En réalité, il semble qu’aucune des structures ne pourra payer, ne serait-ce que le capital engrangé auprès des épargnants. Pourtant, le gouvernement continue de clamer qu’il veillera à ce que les fonds illégalement pris soient restitués aux déposants.

Mais là n’est pas le plus grave. Ce qui est dangereux, c’est que ce qui se passe n’est qu’un simulacre de remboursement. La plus grosse partie de l’épargne illégalement ramassée est au niveau de la structure « ICC Services ». Or cette structure n’a encore rien payé. En clair, on n’a pas encore commencé à régler. Autrement dit, ce qui se fait jusque-là n’est que trompe-l’œil.

Dans ces conditions, on comprend difficilement le Chef de l’Etat lorsqu’il déclare publiquement, par deux fois au cours d’une même semaine que « le gouvernement est décidé, en sa qualité de garant de l’ordre public et dans son rôle de facilitateur à retourner l’argent escroqué à leurs propriétaires ». On se demande bien quel tour de magie fera le Chef de l’Etat lorsqu’il « rassure les nombreux épargnants qui ont été victimes de cette escroquerie qu’ils rentreront progressivement dans leurs fonds ». On sait pourtant que les biens mobiliers et immobiliers saisis chez les escrocs sont encore exposés aux intempéries. Leur valeur diminue au quotidien, parce qu’ainsi exposés, ils se dégradent. Certes, on dira qu’on attend la Justice qui, elle, évolue à son rythme. De la sorte, on ne sera pas étonné que cela dure des années, voire des décennies.

Pourtant, il y a une chose qui presse : beaucoup de spoliés sont des électeurs et attendent Boni Yayi au tournant des élections prochaines. Comment se débrouillera-t-il devant les électeurs lors des campagnes ? Il n’a pas dit qu’il fera rembourser avant les élections. Il aurait d’ailleurs été imprudent de sa part de le dire. Or, c’est ce qui intéresse aujourd’hui les électeurs spoliés. La vérité est que cela durera des années, si c’est la Justice qui devra superviser la suite du processus.

Ce qui est sûr, le remboursement aux déposants sera fait « sans recourir aux ressources publiques ; le processus ne pèsera en aucune manière sur les fonds publics », comme l’a souligné Boni Yayi lui-même. Alors, comment cela sera possible ? Comment ?

La vérité est que les épargnants devront commencer à oublier leur argent déposé auprès des escrocs. Car au rythme où évoluent les choses, ce remboursement, surtout par ICC Services n’est pas sûr. Le drame est qu’il est fort possible que rien ne soit payé. L’escroquerie étant un délit, Akplogan, Tégbénou et consorts feront au plus cinq ans en prison. Après leur sortie, ils pourront aller se la couler douce à l’extérieur. Et la vie continuera ; dans la misère évidemment pour les spoliés qui, des années encore, subiront les conséquences de cette vaste escroquerie qui s’est déroulée sous le regard inactif des autorités.

Brice HOUSSOU
Journal FRATERNITE  03/01/11

Publié dans Politique nationale

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