L’hydre-corruption

Publié le par MJPAC-ABT

boni marche yayi boniLa question d’une lutte efficace contre la corruption continue de peser sur les efforts du Chef de l’Etat. En effet si l’opposition agite selon une certaine périodicité qu’il y a eu corruption dans l’affaire de la CEN – SAD, elle n’arrive pas à fournir les éléments de  cette corruption et comment elle a été opérée.
Par contre il semble que ce ne soit pas la même chose dans le dossier des tracteurs agricoles grâce à la ténacité de député Janvier Yahouédéhou qui, depuis les origines de l’acquisition de ses tracteurs dont certains ont commencé dès leur livraison à tomber en panne, s’est payé un voyage en Chine et en Inde pour se procurer, dit-on dans les milieux de l’Assemblée Nationale, des factures pro-forma au travers desquelles il s’avère manifestement qu’il y aurait eu surfacturation d’environ cinq milliards. Vrai ou faux ? Mais le chiffre a été livré.
Et les députés d’interpeller à nouveau le Chef de l’Etat comme pour lui dire que « maintenant que nous avons la certitude qu’il y a eu surfacturation, fournissez-nous les documents d’achats de ces tracteurs » de malheur on en parle plus d’ailleurs.
Sont-ils toujours en activité ?  Dans cette affaire le Gouvernement a manifestement manqué de tact. D’abord il a voulu confondre le député Yahouédéhou, député FCBE, donc favorablement acquis au pouvoir en le trainant dans des sessions publiques dans sa zone d’élection pour nier que les tracteurs avaient été acquis de gré à gré, qu’ils l’avaient été par surfacturation et qu’ils n’étaient pas bien construits pour nos terres, ensuite on nous a fait revenir et on nous a présenté un Monsieur se présentant comme représentant du vendeur et qui témoignait que les tracteurs étaient de bonne facture. Ainsi le fait d’avoir tenté de honnir le député a dû le cabrer et comme il est aussi homme d’affaires ayant ses réseaux il a dû ‘’décider d’en faire voir de toutes les couleurs au gouvernement’’ D’où sa cabochardise. En dehors de cela y-a - t-il une animosité politique régionale entre lui et le Ministre de l’Agriculture de l’époque, car ce ministre et lui courtisent le même électoral ? A-t-il eu l’impression que le Chef de l’Etat a choisi ce Ministre à ses dépens pour les prochaines joutes électorales devant le conduire au Parlement ? Autant de questions et peut-être d’autres qu’il convient de poser. Il reste acquis que le député Janvier Yahouédéhou donne l’impression d’un homme déterminé dans ses décisions.
Il a été l’un des hommes forts et soutien aux Soglo tout en exprimant ses réserves à la patrimonialisation de la RB. Il a lutté bec et ongle contre le régime de Kérékou.
Et sa chaîne de Radio, Radio Planète, avait été au service de cette cause résolument. Et quand il a laissé la RB et ‘’adhère à la FCBE il semble l’avoir fait avec convention. Et puis tout est tombé. Quand ? Pourquoi ? Et comment ? En tout cas il tient là un bon morceau et j’ai la certitude qu’il ne le lâchera pas et il a trouvé des députés qui avaient aussi des comptes à régler avec le pouvoir pour consolider son action. Le Gouvernement devrait, ou mieux le Chef de l’Etat devrait donner la preuve, s’il n’est pas à l’origine de l’initiative de cette affaire, que la lutte contre la corruption n’est pas un slogan creux et vide et faire droit aux interpellations réitérées des députés. On a vu à Niamey là où peut aboutir la résistance du chef à des actes déterminés de certains citoyens. Certes la situation n’est pas exactement la même. Mais l’on sait que des situations apparemment anodines peuvent conduire à des complications auxquelles on ne s’attend pas à l’origine. Dans le cadre de la lutte contre la corruption qui a été le maître mot de son mandat, Boni Yayi doit poser des actes forts.
Or cela ne semble pas être le cas même si tout ce que l’opposition agite confusément comme corruption n’en est pas un, il y ressemble, et s’entourer de religieux qui n’ont d’autres possibilités de survivre que de vivre aux dépens d’un fidèle néophyte haut  placé et qu’ils peuvent succer abondamment est une façon d’établir une complicité qui  ne dit pas son nom. Le vent de corruption qui est agité régulièrement dans le pays n’est de nature à se calmer même si l’on sait que certains de ceux qui   soufflent dessus n’ont pas été dans leur passé, mis à part le député que je ne connais pas bien, des saints, il convient de montrer que l’on met tout en œuvre pour faire mieux que par le passé, car l’hydre pousse à tous moments et en tous temps et partout.

Urbain THOGNON, Analyste
Journal NOUVELLE EXPRESSION 25/05/10

Publié dans Politique nationale

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