Rejet du budget 2010 à l’Assemblée nationale :Comment Yayi a été contraint à l’ordonnance

Publié le par MJPAC-ABT

boni_nago.jpgLes députés réunis en plénière le jeudi 31 décembre 2009 n’ont pas réussi à s’entendre pour donner la loi de finances gestion 2010 au président Yayi Boni. Ainsi, après plusieurs jours de tractations et de négociations infructueuses et malgré les alléchantes promesses qui n’ont pas fait plier certains parlementaires de la mouvance encore moins ceux de l’opposition informelle, c’est à la douloureuse solution des ordonnances que le président Yayi Boni a été contraint.
Le président Yayi Boni a été contraint de recourir aux dispositions de l’article 68 de la loi fondamentale pour faire exécuter le budget général de l’Etat exercice 2010. C’est par 45 voix contre, 36 pour et 0 abstention que les parlementaires de la cinquième législature ont refusé de donner carte blanche au pouvoir du Changement pour mettre en exécution ses prévisions contenues dans ce budget qui a fait couler trop d’encre et de salive. Avant ce résultat amer, le gouvernement n’était pas resté les bras croisés. Il a mené en vain les démarches dans tous les sens. D’abord avec la présidente de la Renaissance du Bénin pour qu’elle organise sa troupe au profit du gouvernement. Mais c’est avec les députés Fcbe dits mécontents que le chef de l’Etat a beaucoup discuté sans avoir eu gain de cause. Le président Yayi Boni les a reçus une première fois à Lokossa en présence de tous ses ministres. Il les réunira une nouvelle fois à l’hôtel Plm Aledjo le mercredi 30 décembre 2009 au soir sans régler tous les problèmes. Et à la suite de tous ces échecs, le président Yayi Boni a décidé de discuter individuellement au téléphone avec les siens. Entre temps, il a poursuivi les échanges avec la présidente de la Renaissance du Bénin (Rb). Au même moment qu’il envoyait ses partisans chez Mme Rosine Vieyra Soglo, il lui téléphonait régulièrement pour la cause. Mais les négociations piétinaient toujours. C’est alors que le chef de l’Etat s’était rendu la nuit du mercredi à jeudi chez le président Nicéphore Dieudonné Soglo pour un tête-à-tête direct avec l’ex-première Dame. Le président Yayi Boni se serait fait accompagner pour l’occasion du professeur Mathurin Coffi Nago. Parce qu’au moment où le gouvernement s’activait pour avoir Mme Rosine Vieyra Soglo dans son camp, les leaders de l’Alliance ‘’Union fait la Nation’’ fortement appuyés par le premier adjoint au maire de Cotonou, ne rataient aucune occasion pour obliger la présidente de la Rb à rester fidèles à ses engagements vis-à-vis d’eux. En ce moment déjà, la troupe Rb était divisée en deux. Il y a d’un côté la présidente de la Rb et le député Justine Chodaton et de l’autre tous leurs autres collègues. A ce niveau, c’est l’honorable Georges Bada qui aurait convaincu ses collègues à la nécessité de désobéir à leur présidente. Son collègue Epiphane Quenum qui était resté pendant tout le temps entre son bureau et celui de la présidente de la Rb, n’a pas affiché une position claire. Il n’a pas non plus indiqué un mode de vote pour n’avoir pas donné cette fois-ci de procuration comme par le passé. Réduite quand même en minorité, Mme Rosine Vieyra Soglo aurait continué à échanger avec les deux camps jusqu’au dernier moment. La preuve, elle a voté pour les deux premiers titres de la loi de finances 2010 avec sa collègue Justine Chodaton. C’est pour cela qu’il avait au début 43 voix contre, 38 pour et zéro abstention. Quand elle a constaté que son vote n’avait plus d’intérêt elle a fini par se rabattre sur l’opposition et a porté, avec Justine Chodaton, le score à 45 voix contre, 36 pour et zéro abstention. Dans ses explications de vote, elle a fustigé le comportement de ses collègues qui l’auraient accusée d’avoir touché de l’argent pour abandonner les siens et aider Yayi Boni à avoir ce budget. Du côté de la mouvance présidentielle parlementaire, les négociations ont également échoué parce qu’au cours des différentes rencontres du président Mathurin Coffi Nago avec les députés Fcbe mécontents, la tension est restée vive jusqu’à la fin et personne n’a compris l’autre. C’est, dit-on, la présence des personnalités comme le député Djibril Mama Débourou aux rencontres qui aurait tout foutu en l’air. Il aurait tenu, contrairement à ses collègues comme Karimou Chabi Sika, Hélène Aholou Kèkè et Grégoire Laourou, des propos qui n’encourageaient pas le consensus. Et les explications, les promesses et les autres rappels à l’ordre n’ont pas permis d’éviter le camouflet du jeudi 31 décembre 2009 qui annonce, apprend-on de sources dignes de foi, d’autres grandes perturbations pour le chef de l’Etat et son gouvernement maintenant et ce, jusqu’en 2011.

Jean-Christophe Houngbo (Br. Ouémé/Plateau)
Journal LE MATINAL 04/01/10

Publié dans Politique nationale

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